Repas chez l’évêque.

Le kava n'ayant pas fait l'effet escompté je flemmarde en écoutant les vagues s'enrouler avec rage autour du récif.

Nous logeons dans un motel (blue pango) tenu par un couple de coréen. La femme petite, sautille comme un moineau cherchant sa becquée, le visage fendu d'un inaltérable sourire. Son mari semble plus apprécier la monnaie sonnante et trébuchante qu'un coucher de soleil. En un mot son humour s'arrête à la hauteur du tiroir caisse!

Hier, nous avons déjeuné avec l'évêque du Vanuatu et sa tribu de prêtres réunis en séminaire. C'est un gros homme débonnaire d'une grande gentillesse. Comme il se trouvait en face de moi, il me passait sans cesse les couverts pour que je me serve en premier.

Ne sachant quelle contenance avoir, je me servais rapidement et lui repassais les instruments de service.

Dans une pièce servant de cuisine deux bonne sœurs s'activaient pour le repas.

« Elles font elles mêmes les yaourts » m'indiqua le prélats d'un air satisfait; aussi je me dépêchais d'aller complimenter les religieuses.

Loin de Rome, j'ai l'impression qu'il administre son diocèse un peu comme il l'entend!

Un détail, l'eau servit à table se trouvait dan dix bouteilles de whisky vides! Toutes de la marque Johnny.

Il règne en patriarche sur son évêché, sa table est bonne et son whisky aussi!

Un détail encore, à l'apéritif c'est un Johnny de marque noire qu'un prêtre servait à monseigneur l'évêque alors que le reste de l'assemblée était au rouge label.

Comme quoi les privilèges n'ont pas tous été abolis par la nuit du 4 aout!

Le mécréant a profité sans remords du repas et de l'alcool! Tout en étant respectueux des hommes qui, je le crois vraiment le méritent, et des lieux comme un bon invité.

Je me suis attardé au centre culturel français pour une discussion sur l'art et la culture mélanésienne avec un artiste peintre de très bonne qualité.

Ainsi va la vie de chaque jour dans ce coin du monde.