Ometepé.

Publié le par mdemion

Le lac Nicaragua est une immense platée d'eau douce ponctué d'îles et d'îlots volcaniques. Pour se rendre à Ometepé deux volcans en forme d'haltères situés au cœur de la lagune, il faut prendre un bateau qui traverse le lac et fait une halte dans l'île.

La traversée totale est de quatorze heures. Nous nous contenterons pour cet après midi d'une navigation de quatre heures, mais nous comptons bien faire la traversée complète pour rejoindre la petite ville de San Carlos et de là prolonger notre périple en bateau sur le Rio San Juan pour une navigation de neuf heures. Comme les routes sont absentes le retour se fera de la même manière.

Nous voici donc dans un bateau genre ferry mais sans voitures qui teuf teuf allégrement sur les vagues courtes du lac.

Les étrangers ont le droit au pont supérieur. Là nous rencontrons un couple de jeunes français qui doivent bénir les cieux de ne pas être au fond de la mer Caraïbe.

Décidés à se rendre sur des îles qui sont à plus de 70 kilomètres de la côte, ils ont pris un bateau local. Surcharge, inconséquence du pilote, trop grande vitesse, à 15 miles du rivage la bateau et son chargement se retourne. Un chilien coincé sous la coque ne devra son salut qu'à deux bon nageurs qui vont le tirer de dessous l'embarcation et lui faire du bouche à bouche. Les autres s'accrochent comme ils le peuvent à ce qui flottent. Ils vont rester une heure dans l'eau avant qu'un autre bateau s'approche des naufragés et les embarquent.

Ils ont vraiment conscience qu'il s'en est fallu d'un rien...

Porter plainte, tenter de récupérer ce qui pouvait l'être, une autre aventure dans la capitale Managua entre police et ambassade.

Notre navigation est plus pépère. Lorsque nous arrivons à destination dans l'île d'Omotépé la nuit est tombée.

Sur le quai très approximatif, c'est la ruée des propositions des taxis. Notre auberge est distante de plus de trente kilomètres...

Alors, après avoir choisi une pilote pipelette, nous sommes partis dans une obscurité ponctuée ça et là de pauvres ampoules électriques.

La route n'en est pas une! Depuis un voyage au Cambodge avec Robert, en direction des Terres Rouges, je n'ai rien vu de semblable.

Ce ne sont pas des nids de poule mais des tranchées de la profondeur de celles de la Grande Guerre qui forment le chemin. A la vitesse moyenne d'un marcheur peu pressé, nous escaladons des montées boursoufflées de pierrailles, nous descendons des ravines en crabe, nous dansons une sorte de salsa endiablée.

La route de la Muerte!

Cette progression clopin-clopan nécessite que nous nous accrochons à tout ce qui offre une prise dans le véhicule, tandis qu'a l'avant du van la pipelette n'arrêt pas de pipeletter!

Une lumière dans la nuit, dix metres de chemin vagement carrossable, nous sommes arrivés au Monkey Hôtel. Nous comptons nos abattis, tout est en place.

 

Vue de loin.

 

Du coin de l'œil, je suis le procès du journaliste Zémour. Le courrier témoignage de l'ancien ministre de l'intérieur Jean Pierre Chevenement apporte une certitude à tous ceux qui savent, policiers, travailleurs sociaux, juges, qu'un grand nombre de délinquants ont un nom à consonance maghrébine ou africaine.

Dire cette vérité devenue incontestable par le témoignage de l'ancien ministre de l'intérieur est une incitation à la haine raciale!

Je n'ai aucune sympathie particulière pour le provocateur patenté qu'est le journaliste Zémour, pas plus que pour Jean Pierre Chevenement défenseur nationaliste d'une France une et indivisible. Pourtant ce procès et surtout les associations ayant porté plainte pose un sérieux problème de déontologie que je résume ainsi:

La vérité n'est pas bonne à dire!

Plus même, la vérité est une incitation à la haine raciale.

Avec ce type de raisonnement, nous marchons sur la tête.

Nous nous privons donc de l'impérieuse nécessité de comprendre le phénomène. Ceci pour des raisons d'aveuglement idéologique. Il faut se mentir pour que la réalité colle à ce qu'on voudrait qu'elle soit. Une sorte de mensonge pieux en quelque sorte!

Mais les faits sont têtus et rattrapent toujours le mensonge.

Si nous poussons cette rhétorique au paroxysme, à l'absurde, elle devient particulièrement incompréhensible et sans objet:

Gallilé a eu raison de se parjurer, les juges de l'époque ont eu raison de faire brûler Bruno; Le monde est héliocentrisme et la terre plate, les théologiens l'ont voulus ainsi.

Donc de donner raison aux juges de Gallilé et de Bruno.

Affirmer que le parti national socialiste allemand est raciste, c'est encourager à son adhésion... tant pis pour ceux qui l'ont combattu etc...

Cette logique spécieuse et mensongère, fait incontestablement un vainqueur raciste: Le Front National.

Affirmer une vérité incontestable n'est pas condamner ni jeter l'opprobre sur un groupe de citoyens c'est d'abord poser un problème permettant de trouver des solutions pour le résoudre.

Comme le disait la JOC des années soixante:

Voir, comprendre et agir.

En refusant de voir cette réalité, en lançant un rideau de fumée pour masquer l'évidence, c'est prendre les citoyens pour des enfants incapables de raisonner, de faire la différence, et ainsi les traiter en citoyen de seconde zone.

Poser ce problème c'est chercher des solutions, c'est mettre en place des stratégies confortées par des analyses sans doute déplaisantes. C'est permettre de trouver des solutions.

Les pistes d'analyses peuvent se résumer ainsi:

Pourquoi plus de délinquants? Quelles en sont les raisons?

Problèmes sociaux, d'habitats, de concentration de chômage?

Problème de référence et de modèles?

Problèmes d'éducation, de liens avec le pays d'origine etc...

A contrario,

Quel est l'itinéraire de ceux qui réussissent?

Pourquoi?

Identification des modèles de référence,

Pourquoi moins de délinquance dans l'émigration du sud est asiatique etc...

 

La liste des études de compréhension du phénomène n'est pas exhaustive...mais c'est seulement à partir de ces questionnements sans tabous et dérangeants qu'il sera possible d'être efficace dans la résolution des problèmes de délinquance dans les quartiers et ailleurs.

Faire l'autruche ne sert à rien. Crier à la stigmatisation, au racisme, c'est faire le jeu et lit du Front National.

Aujourd'hui, les politiques spéculent en aveugle: police de proximité, répression accrue, sur des solutions pensées dans les salons, sans avoir les outils d'analyse permettant d'être efficaces.

Michel Demion.

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article