Canicule
Canicule
Mes déserts se fissurent
Sous d’anciennes blessures.
Le sable se résout
Aux rêves les plus fous.
Je me souviens du temps
Où la mer et le vent
Venaient battre les plages
Les tempêtes d’alors s’époumonaient de rage.
Les yeux mouillés de larmes
Mon sang de feu en flammes
Rougissait les granites
Ma vie prenait la fuite.
Alors tu es venue, fille aux écumes blanches
Et mes mains s’arrondissent
Sur le berceau des hanches
Les draps mouillés du lit amoncellent
Les plis des étreintes et des fièvres.
Dans la chambre, une odeur de genièvre.
Oh silence étincelle
Le feu en gerbe grêle
Irradie tes cheveux
En ombre camaïeux
La courbe de ton cou
Rend mes baisers jaloux
Du grain de peau si doux
Jacassant à ton cou.
L’arrondi des épaules
Comme branches de saule
Les caresses du vent
S’y emmêlent longtemps
Silhouette églantine
Parfum de violette
Flagrance odeur marine
Tremblante alouette
Sang et fureur mêles pour des bois de justice
Dressés au beau milieu des fougères et des lices
Tes mains telles des oiseaux retiennent leurs envols
Se raccrochant aux rêves aux pensées les plus fols
La mousse des cheveux comme chevaux sauvages
Invente des princesses des princes et des pages
Des forteresses glauques des cavaliers en armes
Des foules révoltées où s’insurgent les femmes
Mon cauchemar s’éveillait fauve tremblant de rage
La houle s’enfiévrait pour un nouveau naufrage
J’ai vu fleurir alors sur les lèvres mutines
Le rut des blés levés lorsque le vent fulmine
Il tremble d’épouvante aux chaleurs profondes
Bouscule les chemins d’humeurs vagabondes
J’ai vu ton corps s’ouvrir fleur bleue sous la lune
La roideur de tes seins a la saveur des prunes
Chipées, heureux larcin embaumant ma mémoire
Torrent, calme ruisseau où la nuit je viens boire.