Tuba.

Publié le par mdemion

Tuba.

 

Tuba, une ville quelconque de l'Arizona.

Une ville loin des mégalopoles américaines, une ville Navaro.

Mais, est-ce une ville?

Plantons le décor.

Entre deux élévations sèches comme un coup de trique, ou le vent se perd en tourbillonnant, une plaine de sable gris rouge en forme de cuvette se déploie sans grande audace.

C'est une plaine ébouriffée d'herbes sèches dorées qui par touffes essaient de retenir entre les hampes de leurs feuilles un sol mouvant sans intérêt agricole.

Un désert morne.

Sur cette surface insolite et changeante des habitation précaires ont surgit. Elles semblent faire corps avec une terre rouge, pulvérulente qui s'insinue partout. Elle balafre en grandes trainées poudreuses les toits de tôle, elle se lève en tourbillons opaques qui masquent le ciel, elle tourbillonne en dansant un genre de fandango tristounet, elle terre les habitants chez eux

Les maisons sont semées au hasard, dans un désordre qui fabrique les chemins, les sentiers, les rues.

Pas de goudron, pour les voies d'accès, que des cheminements tracés par le rail des pneus des voitures.

Chaque méandre évite une baraque en bois, une roulotte, un camping-car avant de mener en se tortillant à la bonne demeure.

Les habitations précaires ont conquis une esplanade devant chaque perron. La, sont garés des véhicules de toutes sortes. Pas d'alignement pour les autos, les camions et autres pick-up! Ils forment une barrière.

Ils stationnent au petit bonheur la chance à proximité de carcasses de voitures si rouillées et si déglinguées qu'un ferrailleur ne voudrait pas de ces tôles ajourées par la rouille, pliées en quatre et coupantes comme un rasoir. Parfois un poulet cavaleur se cache à l'abri de la ferraille.

Certaines cabanes sont si délabrée qu'un ravaudage de planches, de plastique, de métal rouillé tente de réparer l'irréparable. Des morceaux de tissus pendent à des fenêtres, une bâche tendue sur des chevrons protège une façade à demi éventrée...

 

Un feu rouge fait le guet à la jonction de deux nationales qui se croisent perpendiculairement. Ces routes à l'évidence sont dédaigneuses de la localité qu'elles traversent.

Elles ne s'occupent pas le moins du monde, de la ville dispersée en miettes qu'elles coupent sans coup férir.

Juste à coté du croisement et du feu rouge; les deux symboles de la gastronomie américaine se font face, avec pancartes lumineuses et publicité tapageuse en se livrant à une sorte de guerre.

La barbiche blanche du fondateur de KFC tremblote sous les néons faisant la nique à l'arche rouge de MAC DO.

Ce sont les deux seules bâtiments en dur de l'agglomération, ils se fixent d'un regard peu amène, alors qu'à peu de distance les maisons délabrées se cachent dans la terre rouge de la curieuse vallée.

Les habitants aussi ont la couleur de leur sol.

Ils ont le visage de la couleur de la terre. Les mains de la couleur de la terre. Les bras ont la couleur de la terre. Ils sont nés du sol. Ils sont le sol.

Par une sorte de mimétisme, la pauvreté du sable roux engendre la pauvreté visible de la vie à Tuba.

 

Très vite, la route nous emporte loin de la petite ville, trop vite à mon goût.

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